L'enraciné
A deux pas, enraciné géant, l'arbre. Dans sa solitude, il me sourit.
L'arbre chahuté derrière mon dos à la fenêtre appelle mon âme endormie.
Et s'il voulait jouer ? Sauter avec moi par-dessus le rocher, de la terre au ciel, retrouver la marelle sur le sable dessinée. Suivre le soleil et rejoindre la mer, aussi petite soit-elle.
La dune se met à rire elle aussi, se moquerait-elle de nos hésitations ? Je la caresse de ma main et elle s'évapore , lentement.
Lentement mais rapidement, comme ce temps précieux qui nous échappe. Je ne veux pas courir pour autant, bien au contraire : je veux m'asseoir avec mon arbre et contempler la vie.
Car en dessous, il reste l'enterré vivant, beaucoup moins conscient de sa triste condition. J'irais même jusqu'à dire qu'il ignore tout de mon arbre et qu'il ne peut en être autrement.